Archives de 2 février 2016

L'amiante est encore utilisée dans les nouvelles constructions du gouvernement fédéral.

L’amiante est encore utilisée dans les nouvelles constructions du gouvernement fédéral.  Photo :  CBC

Source:  http://ici.radio-canada.ca/regions/ottawa/2016/02/02/003-amiante-construction-nouveaux-edifices-ottawa-federal.shtml

Le gouvernement du Canada continue d’utiliser des matériaux contenant de l’amiante dans la construction et la rénovation de ses édifices, même si la substance peut avoir des effets néfastes sur la santé, selon ce qu’a appris CBC.

L’Agence du revenu du Canada et Services publics et Approvisionnement Canada ont tous deux confirmé qu’ils continuent d’utiliser l’amiante dans des projets de construction.

« C’est effroyable, mais malheureusement, ce n’est pas surprenant [traduction libre] », soutient Laura Lozanski, agente de santé et de sécurité au travail à l’Association canadienne des professeures et professeurs d’université, un groupe qui milite depuis des années pour le retrait de l’amiante des édifices publics.

aura Lozanski est agente de santé et de sécurité au travail à l'Association canadienne des professeures et professeurs d'université. Laura Lozanski est agente de santé et de sécurité au travail à l’Association canadienne des professeures et professeurs d’université.  Photo :  CBC

Mme Lozanski juge incroyable que le gouvernement continue d’utiliser une substance cancérigène en milieu de travail.

De son côté, Denis St-Jean, agent de santé et de sécurité à l’Alliance de la Fonction publique du Canada (AFPC), affirme que le Canada importe toujours des matériaux de construction contenant de l’amiante. Son syndicat est membre du groupe Ban Asbestos Canada, qui a récemment envoyé une lettre au premier ministre Justin Trudeau demandant l’adoption d’une loi pour bannir l’utilisation, l’exportation et l’importation d’amiante, comme l’ont fait plusieurs pays, dont l’Australie et les pays de l’Union européenne.

L’Organisation mondiale de la santé recommande d’ailleurs de remplacer les matériaux contenant de l’amiante par d’autres plus sécuritaires.

Le groupe Ban Asbestos Canada demande aussi que l’utilisation de matériaux contenant de l’amiante soit bannie de tous les projets financés par le fédéral.

Une hausse des tuyaux en amiante-ciment

Selon le Congrès du travail du Canada, l’utilisation de tuyaux en amiante-ciment est en hausse au pays. Ce type de tuyaux est de plus en plus utilisé dans des projets d’infrastructures financés par le fédéral en Ontario et au Québec, à travers le programme Chantiers Canada mis en place par l’ancien gouvernement. L’organisme soutient que les importations de produits reliés à l’amiante sont aussi en hausse.

Plusieurs syndicats continuent d’ailleurs de réclamer un registre canadien des édifices contenant de l’amiante.

Une utilisation limitée à la forme non friable

Selon l’Agence du revenu du Canada, l’utilisation de l’amiante est bien contrôlée. « L’utilisation est limitée à sa forme non friable (qui ne peut être brisée facilement en petits morceaux) et est régie de façon stricte par le Règlement sur les produits en amiante [traduction libre] », souligne Philippe Brideau, porte-parole de l’Agence du revenu du Canada.

Toutefois, Laura Lozanski et d’autres agents de santé et de sécurité au travail soulignent que l’amiante non friable peut finir par se briser et représenter un danger au fil des ans.

De son côté, Services publics et Approvisionnement Canada a confirmé à CBC qu’il continue à utiliser des tuyaux en amiante-ciment pour ses nouveaux bâtiments et ses travaux de rénovation, comme le permet le Code national du bâtiment.

Ces tuyaux ont un cycle de vie de 70 ans et se retrouvent souvent dans les grands édifices, puisqu’ils procurent une meilleure insonorisation que les tuyaux de plomb, précise le ministère dans sa déclaration écrite.

Les cas de mésothéliome en hausse

Les édifices du Parlement à Ottawa font actuellement l’objet d’importants travaux de rénovation, qui inclut l’élimination des poussières d’amiante.

Ian Culbert, directeur administratif de l’Association canadienne de santé publique, affirme que son organisme est préoccupé par le fait que l’utilisation de ces produits soit encore légale. « On pourrait croire que le gouvernement fédéral serait le dernier à utiliser ce genre de produit [traduction libre] », souligne-t-il.

Selon des données récentes de Statistique Canada, le nombre de cas de mésothéliomes – une tumeur fréquemment liée à une exposition à l’amiante – est en constante augmentation au pays.

La situation est préoccupante puisque la période de latence de la maladie peut être de 10 à 40 ans.

Un texte de Anne-Louise Despatie 

Pour consulter l’article en ligne : Suicide au travail

Alors qu’on s’inquiétait beaucoup du suicide chez les adolescents québécois il y a 20 ans, ce sont maintenant les hommes dans la quarantaine et la cinquantaine qui sont les plus nombreux à s’enlever la vie.

En 2013, 1101 Québécois se sont suicidés, soit environ trois par jour. Les dernières statistiques sur le suicide au Québec montrent que les trois quarts d’entre eux étaient des hommes. C’est pourquoi des employeurs sont de plus en plus nombreux à faire de la prévention à ce sujet en milieu de travail.

En 25 ans, il y a eu cinq suicides chez les employés de Cascades, dont un l’an dernier. Aucun de ces suicides ne s’est produit sur les lieux de travail, mais chaque fois, les collègues étaient secoués.

Alain Lemaire, le président exécutif du conseil d’administration de Cascades, a décidé de faire de la prévention pour ses employés, mais aussi d’inviter d’autres entreprises à en faire autant. « Il faut que tout le monde soit conscient que le suicide, c’est quelque chose qui ne devrait pas arriver. Parce que je suis convaincu que les gens qui pensent au suicide ne veulent pas mourir, ils veulent arrêter de souffrir », dit-il.

Depuis 2008, l’Association québécoise de prévention du suicide (AQPS) offre une formation à tous les employeurs qui, comme Cascades, veulent constituer un réseau de sentinelles : des employés qui se chargent d’être attentifs à ce que vivent leurs collègues, pour ensuite les orienter vers de l’aide au besoin.

« Les volontaires vont recevoir une formation de sept heures qui leur permet de mieux repérer une personne en détresse, savoir comment entrer en communication avec elle, savoir quoi dire et ne pas dire, et quelle question poser pour savoir s’il y a des pensées suicidaires » explique Lucie Pelchat, conseillère à la formation à l’AQPS.

« Pour la population en âge de travailler, surtout les hommes, le suicide est la troisième cause de décès. Ce qui est énorme, presque trois fois plus que les accidents de la route. »— Gilles Légaré, épidémiologiste à l’Institut national de santé publique du Québec

Pour l’épidémiologiste Gilles Légaré de l’Institut national de santé publique du Québec, ce programme permet de cibler le groupe qui est devenu le plus vulnérable face au suicide. « On a l’impression que le suicide, c’est une affaire de jeunes, ce qui n’est pas le cas. Là où les taux de suicide sont les plus élevés, c’est vraiment autour de la cinquantaine », explique-t-il.

Selon les plus récentes statistiques de l’Institut national de santé publique du Québec, qui datent de 2013, le risque de suicide est 3,5 fois plus élevé chez les hommes que chez les femmes.

La 26e semaine nationale de prévention du suicide se tient à travers le Québec du 31 janvier au 6 février.