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Quand le soleil nuit à la santé des travailleurs

Publié: 5 juillet 2017 par cattara dans Actualités

Il y a à peine un jour que nous avons du soleil et voici que l’on en parle comme d’un danger. J’en entends déjà dire, non mais ils ne sont jamais contents à CATTARA. Je vous le dis tout de suite : je m’inscris en faux. L’article portera exclusivement sur les moyens à prendre pour profiter pleinement des jours ensoleillés, lorsque nous devons travailler à l’extérieur.

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Travail et chaleur d’été : Comment protéger vos employés? – 24 avril 2017

Vivement le retour de la chaleur et des beaux jours d’été! Le soleil plombe et offre un regain d’énergie à tous. Néanmoins, quelques précautions sont à prévoir lors de la saison chaude. Les fortes chaleurs d’été peuvent occasionner divers malaises et mettre en danger les travailleurs. Chaque année, en moyenne 18 travailleurs sont victimes de troubles liés au travail à la chaleur au Québec selon la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST).

Quels sont les effets de la chaleur sur les employés qui travaillent à l’extérieur?
Effets de la chaleur sur la santé des travailleurs :

Les malaises créés par la chaleur sont différents d’un travailleur à un autre. Divers facteurs tels que l’état de santé des employés, l’effort physique, la température et l’humidité ambiante influencent la capacité à affronter les hautes températures.

Coup de chaleur (insolation)

Le corps humain tente de maintenir une température corporelle d’environ 37 °C. Cependant, le corps est vite malmené par de longues journées de travail à l’extérieur. Le thermomètre corporel peut vite grimper et atteindre plus de 40 °C. Si le corps ne parvient pas à se rafraîchir, un coup de chaleur soudain survient. D’abord, le travailleur pourrait ressentir des étourdissements, le vertige ou une fatigue inhabituelle. Si l’employé présente des propos incohérents, une perte d’équilibre ou une perte de conscience, il s’agit alors d’une urgence médicale. Il faut rapidement appeler les secours, transporter l’employé dans un endroit frais ou à l’ombre, enlever ses vêtements, asperger son corps d’eau et lui donner de l’eau en petite quantité, si possible.

 

Coup de soleil

Sous ce ciel bleu, se cachent des milliers de rayons ultraviolets (UV), lesquels rebondissent sur la peau. Grâce à eux, la peau brunit, mais elle peut aussi brûler. Mieux connue sous le nom de « coup de soleil », cette brûlure peut varier en gravité. La consultation médicale est recommandée dès que des cloches apparaissent sur la peau, car il s’agit alors d’une brûlure au deuxième degré.

La déshydratation

Par temps chaud, les risques de déshydratation sont élevés puisque le corps lutte constamment pour se rafraîchir. Pour ce faire, l’organisme évacue beaucoup plus d’eau par la transpiration qu’à la normale. Cette diminution en eau doit être contrebalancée, sans quoi une déshydratation surviendra.

Épuisement

L’épuisement se manifeste lorsque le travailleur ne compense pas la quantité d’eau et de sels minéraux que son corps a éliminés. Il présentera les symptômes tels qu’une fatigue intense, des maux de tête, une peau pâle et moite, des étourdissements, une respiration rapide et des crampes abdominales et musculaires.

Effets de la chaleur sur la performance des travailleurs :
Diminution de la concentration

D’abord, la chaleur oblige le corps à travailler plus pour maintenir sa chaleur corporelle à 37 °C. Cependant, ce processus augmente le flux sanguin et provoque une transpiration plus abondante. Cela peut affecter la concentration et la capacité d’accomplir des tâches mentales. Moins vigilant, l’employé augmente sans le savoir les risques de faire un accident.

Incapacité d’accomplir certaines tâches exigeantes

Les longues journées chaudes épuisent plus rapidement les employés lors d’un travail à l’extérieur. L’épuisement est tel que leur productivité en est réduite. Parfois trop fatigués, ils peuvent avoir de la difficulté à accomplir les tâches qui nécessitent plus d’énergie et de concentration.

Mesures à prendre pour protéger vos employés :
  • Fournir et favoriser la prise d’eau toutes les 20 minutes pour prévenir la déshydratation. Par contre, il est déconseillé de boire des boissons énergisantes et de l’alcool;
  • Prévoir un endroit à l’ombre ou à l’air climatisé pour les pauses des travailleurs;
  • Permettre de plus longues pauses lors des jours très chauds;
  • Obliger le port d’équipements de protection individuels (EPI). Suggérer le port de vêtements légers, de couleur claire et en coton pour permettre l’évaporation de la sueur;
  • Fournir de la crème solaire et favoriser son application pour protéger les travailleurs contre les coups de soleil;
  • Planifier les tâches et ajuster le rythme du travail afin que l’effort physique plus important soit le matin et plus léger en après-midi;
  • Recommander le port de casquette ou chapeau à vos employés pour protéger leur visage et leur cou;
  • Former les employés sur les dangers de travailler à l’extérieur quand il fait chaud. Une capsule informative est disponible sur notre nouvelle plate-forme Novo Studio. Celle-ci donne des solutions pour prévenir les risques en lien avec le travail à l’extérieur lors d’une chaleur accablante.

En résumé, il est primordial pour un travailleur et un employeur de prendre en considération les risques. L’adoption de bonnes méthodes de travail est une sage décision pour assurer la santé et la sécurité des employés.

 

Sources :

Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST). Travailler à la chaleur :la prévention en images, [En ligne], http://www.csst.qc.ca/prevention/theme/coup_chaleur/Pages/infographique-coup-de-chaleur.aspx
Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST). Travailler à la chaleur… Attention !- 2e édition, [En ligne], http://www.cnesst.gouv.qc.ca/Publications/100/Documents/DC100-1125web.pdf
Centre patronal de santé et sécurité du travail du Québec (CPSST).«  S’acclimater… À la chaleur!», Convergence vol.18,n˚2, publié en avril 2002,[En ligne],
http://www.centrepatronalsst.qc.ca/documents/pdf/conv_avril_02.pdf#search=%22chaleur%22
Gouvernement du Manitoba. La chaleur et votre santé, [En ligne],
http://www.gov.mb.ca/health/publichealth/environmentalhealth/heat.fr.html#2

 

La pénurie de main-d’oeuvre agricole un peu partout au Québec a fait en sorte que de plus en plus de travailleurs migrants -particulièrement du Sud- passent leurs étés dans nos champs. Des travailleurs qui, théoriquement, bénéficient des mêmes droits que tous les autres travailleurs, en matière de santé et sécurité. Or, la réalité est parfois bien différente et peut laisser un goût amer…

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L’omertà de migrants sans filet
Le Devoir, 1 juillet 2017 |Sarah R. Champagne | Actualités en société

 

Sur papier, des programmes roses d’emplois pour des citoyens du Sud. Dans la réalité, les failles d’un système qui laisse les migrants à découvert, du recrutement jusqu’à la prise en charge de leur santé.

En dehors des membres de la famille, les travailleurs migrants temporaires représentent aujourd’hui le quart de la main-d’oeuvre agricole au Québec. Ils ont les mêmes droits en matière de santé et de sécurité que tous les autres travailleurs, mais peuvent difficilement les faire valoir, que ce soit par crainte de perdre leur emploi ou par manque de canaux viables.

La Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) ne prévoit aucune intervention ciblée, aucun programme spécifique d’inspection, ni aucun mécanisme de suivi à distance des plaintes.

Les travailleurs qui veulent obtenir plus d’informations — au-delà d’une brochure vague et incomplète — ou faire une plainte auprès de la Commission doivent en outre faire eux-mêmes appel à un interprète. Les efforts de la CNESST sont ainsi jugés insuffisants, à la fois par des groupes de chercheurs et par le syndicat des Travailleurs unis de l’alimentation et du commerce.

Avant même de se buter à ces obstacles systémiques, les travailleurs choisissent souvent de garder le silence après des blessures ou quand ils tombent malades.

Ce fut le cas de Milton Castillo. À 24 ans, il ne voit plus tout à fait la vie avec un regard jeune et clair. Après une blessure subie durant son travail dans des serres de tomates à Sainte-Marthe en Montérégie, son oeil gauche pourrait être compromis.

Le jeune Guatémaltèque est arrivé au Québec en octobre 2015, pour un contrat d’environ 15 mois. En juin 2016, il s’administre un coup à l’oeil en coupant les feuilles autour des plants de tomates. M. Castillo ne consultera un optométriste que sept mois plus tard, le 8 décembre 2016, alors que sa vision a déjà baissé. Il est alors dirigé en ophtalmologie pour subir potentiellement une chirurgie. Le coup a endommagé son cristallin et sa vision continuera à baisser si rien n’est fait.

Sa chirurgie attendra finalement son retour au Guatemala, le 6 janvier 2017. Milton Castillo dit avoir encore aujourd’hui « une vision embrouillée ».

Trois jours avant son départ du Canada, il avait finalement contacté Julio Lara, son représentant syndical des Travailleurs unis de l’alimentation et du commerce (TUAC). Sans son aide, il lui aurait été très difficile d’obtenir un remboursement de 1375 $ de son assurance privée.

Garder le silence

De son côté, la directrice générale de Sagami, son employeur, assure avoir agi aussitôt qu’elle a été informée du problème.

Pourquoi Milton a-t-il alors attendu si longtemps ? « La personne responsable m’a dit de ne le raconter à personne, sinon ils allaient me renvoyer au Guatemala », répète-t-il à plusieurs reprises.

À l’instar de ses collègues, le jeune Castillo a choisi de garder le silence par crainte de perdre son emploi s’il demandait des soins de santé appropriés. « Je construis une maison, je ne suis qu’à la moitié. Et je voudrais bien pouvoir retourner au Québec », justifie-t-il.

L’absence de droit de rappel, donc de garantie d’obtenir du travail subséquemment, pèse très lourd dans les décisions individuelles des travailleurs. « Il y a une forte “conditionnalité” imprégnée, intériorisée par les travailleurs. On leur met tellement dans la tête que leur emploi dépendra de comment ils agissent, de comment ils performent, que cela influence leur perception et leur réaction », expose Dalia Gesualdi-Fecteau, professeure de droit à l’UQAM.
Plusieurs attendront de ne plus pouvoir supporter la douleur avant de faire une demande de consultation, a également conclu une recherche sur la santé des Mexicains et les Guatémaltèques à l’île d’Orléans.

Cette crainte d’être « retournés à l’expéditeur » s’avère fondée : les travailleurs agricoles migrants sont le plus souvent rapatriés dans leur pays d’origine pour des raisons médicales, chirurgicales ou à cause de blessures externes (y compris l’empoisonnement, précise-t-on). L’Association médicale canadienne calcule ainsi que près de 800 travailleurs ont été rapatriés pour des raisons médicales entre 2001 et 2011. Aucune mesure n’a été prise pour s’assurer de leur rétablissement.

Le cas de Sheldon McKenzie est devenu emblématique en la matière en Ontario. Ce Jamaïcain de 39 ans a été sévèrement blessé à la tête durant son travail chez un producteur de tomates dans le sud de la province, à Leamington. Sa cousine, Marcia Barrett, résidente de Winnipeg et dépêchée à son chevet, affirme qu’un agent de liaison du consulat jamaïcain avait montré beaucoup d’empressement à le rapatrier. Il est mort en septembre 2015.

Sans filet

 Le filet de sécurité inadéquat est contre-productif pour les inciter à parler, observe Julio Lara, du syndicat TUAC : « Même si les mécanismes sont là, la plupart des accidents de travail ne sont pas rapportés, les travailleurs ne connaissent pas les démarches. La CNESST brille par son absence. »

Une opinion partagée par Mme Gesualdi-Fecteau : « S’il y a un litige et que l’employeur interpellé par le travailleur dit “non, je ne t’amène pas consulter”, vers qui se tournera le travailleur ? »

« Transplantés ici sans aucune intégration », dit-elle, les travailleurs vivent l’isolement social propre au monde agricole, qui se double d’une barrière linguistique dans le cas des migrants agricoles.

Un programme spécifique d’inspection dans les fermes embauchant cette main-d’oeuvre a bien existé entre 2009 et 2012. L’intervention ciblait à la fois les employeurs et les travailleurs, pour distribuer de l’information et recueillir les commentaires, voire les plaintes.

La CNESST a depuis mis fin à ce programme. En moyenne, au cours des trois dernières années, seules 370 inspections ont été effectuées annuellement dans le secteur de l’agriculture, a indiqué une porte-parole au Devoir, sur un total de 11 000 établissements agricoles inscrits. À elle seule, la Fondation des entreprises en recrutement de main-d’oeuvre agricole étrangère (FERME) représente 900 fermes. « Les inspections, ça n’arrive juste jamais », résume Julio Lara, représentant syndical.

Ces travailleurs ne font donc « pas suffisamment l’objet d’une attention particulière par les autorités de SST [santé et sécurité au travail] », conclut une étude cosignée en 2014 par six chercheurs de l’UQAM.

Ils se demandent pourquoi la CNESST n’est pas en mesure de rapporter les plaintes ou les simples appels d’information des travailleurs migrants agricoles. Elle compile pourtant les lésions professionnelles selon de nombreuses catégories, comme le sexe, l’âge, les membres atteints, le diagnostic, etc.

Les risques associés à l’agriculture, eux, sont pourtant bien documentés, et spécifiquement pour les travailleurs migrants : vomissements, brûlures sur la peau, chutes, hernies, problèmes abdominaux, amputation, fractures, maux de tête, épuisement et même la mort.

Depuis le début de l’année, au moins deux travailleurs agricoles temporaires ont trouvé la mort au Québec sur leur lieu de travail. Cesar Ariel Garcia Garcia, le 22 février, dans l’effondrement d’un bâtiment de la ferme Pittet à Saint-Tite et Benjamin Henandez Escareño, sous un tracteur-tondeuse à Saint-Clothilde alors qu’il travaillait pour Les Serres Lefort, le 13 juin dernier.

Il importe donc que les structures en place cessent de n’être que l’écho du silence de ces travailleurs. « Quand j’ai parlé, il était peut-être trop tard. Mais finalement, j’ai dû repartir quand même », illustre Milton Castillo.