MARSOUI | Un travailleur de la construction et sa conjointe sont au désespoir après que la Commission des lésions professionnelles (CLP) a statué que Mario Villeneuve n’a pas subi d’entorse cervicale en mai 2012. Privé de ses prestations de la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST) depuis la décision, le 6 août dernier, le travailleur est maintenant contraint à l’aide sociale, avec «une contrainte sévère» au travail.
«Il a des problèmes d’équilibre. S’il vient pour monter une marche, il tombe. On a besoin d’une barrière pour le lit parce qu’il a des spasmes et il tombe tout le temps. Il a des séquelles graves, et en étant sur l’aide sociale, on n’a plus d’espoir parce qu’on sait que c’est irréversible», raconte en sanglot la conjointe de M. Villeneuve, Johanne Gasse.
Demeurant à Marsoui, en Gaspésie, M. Villeneuve, qui éprouve de la difficulté à se concentrer, est victime d’un premier accident le 13 décembre 2010, alors qu’il œuvre sur un chantier de construction d’éoliennes, à Mont-Louis, À ce moment, un diagnostic d’entorse cervicale est fait.
Voulant s’éviter des problèmes, M. Villeneuve conclut une entente à l’amiable avec son employeur, Borea Construction, afin de retirer ses réclamations à la CSST, en échange d’un montant forfaitaire de 1500 $.
Le 12 mai 2012, M. Villeneuve subit un autre accident. Un diagnostic d’entorse cervicale est retenu par le Bureau d’évaluation médicale de la CSST, accompagné d’un diagnostic de trouble d’adaptation avec humeur anxio-dépressive. La CSST conclut à une lésion professionnelle et le travailleur reçoit une indemnité de revenu de près de 2500 $ par mois.
L’employeur conteste
Borea construction conteste devant la CLP en février 2013 et le 6 août dernier, la commission tranche : «il n’est pas démontré que la preuve prépondérante que le travailleur a subi une entorse cervicale […] le 17 mai 2012», malgré plusieurs rapports médicaux déposés par le couple statuant sur l’état de santé de M. Villeneuve.
Sans ressource, le couple est contraint à l’aide sociale, qui vient d’accorder un montant global de 1149 $, en raison de la «contrainte sévère» à l’emploi de M. Villeneuve. «On ne peut pas avoir d’espoir et se dire qu’il va guérir et pouvoir retravailler pour s’en sortir. Moi, je ne peux pas aller travailler parce qu’il a toujours besoin de surveillance. On va se ramasser dans la rue parce qu’on ne pourra pas payer pour notre maison», lance en désespoir de cause Mme Gasse, affirmant avoir englouti quelque 17 000 $ pour se défendre.
Avec l’aide du préfet de la MRC de la Haute-Gaspésie, Allen Cormier, le couple a réussi à se trouver un avocat, qui demandera une révision de dossier.
«C’est notre espoir afin de nous donner une certaine qualité de vie», souligne Mme Gasse, consciente que les décisions de la CLP sont souvent «irréversibles».
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