COMMUNIQUÉ

Publié: 10 août 2022 par cattara dans Actualités

Pour diffusion immédiate

Bien que cela ne soit pas un phénomène nouveau, le travail des enfants de moins de 14 ans a pris ces derniers temps des proportions inquiétantes. « Il est évidemment trop tôt pour apporter des chiffres exacts, explique Mario Dufresne, agent de développement et intervenant au Comité d’appui aux travailleurs et travailleuses accidentés de la région des Appalaches (CATTARA), mais on a juste à aller jeter un œil dans les endroits de restauration rapide ou dans les magasins et épiceries pour constater que le personnel rajeunit de jour en jour. »

Or, ce qui préoccupe CATTARA, ce n’est pas nécessairement que de jeunes enfants travaillent durant l’été et même les fins de semaine, c’est surtout le fait qu’il n’existe que très peu d’encadrement qui répondent aux besoins particuliers de cette clientèle de travailleurs qui est parmi, sinon, la plus à risque d’accidents.

Des données qui en disent long

Si l’on s’en tient qu’aux données concernant les accidents de travail impliquant des jeunes de moins de 16 ans, rapportés à la CNESST au cours de l’année 2021, on constate une augmentation de 36% par rapport à l’année précédente. Cela signifie que 203 enfants ont été blessés au travail comparativement à 149 en 2020. N’oublions pas que l’on parle ici de jeunes qui ont eu le courage de déposer une réclamation ou une plainte à la CNESST. Pour ce nombre, combien de blessures n’ont pas été déclarées avec les conséquences que cela peut avoir.

« Enfin, ajoute l’agent de développement, comme le nombre de jeunes sur le marché du travail ne cesse d’augmenter, il serait surprenant que le nombre d’accidents ne suive pas la courbe.

Ce qui inquiète CATTARA, outre le nombre d’accidents, c’est la banalisation que l’on semble faire du travail des enfants. « Ce qui étonne, à ce sujet, c’est que très peu de personnes s’inquiètent de l’impact que tout ça aura tant sur le rendement scolaire que sur l’équilibre physique et psychologique des enfants, poursuit Mario Dufresne. J’ai l’impression que l’on se dit ‘ce sont des impératifs économiques qui dictent la situation actuelle, donc on verra plus tard’. Mais non c’est maintenant qu’il faut se pencher sur la question, car plus tard, ce sera peut-être trop tard. C’est peut-être l’avenir de nos enfants qui est en jeu. Il faut que les élus, notamment le ministre du Travail, mais aussi de la Santé et de l’Éducation analysent rapidement tous les tenants et aboutissants de ce phénomène-là et surtout, qu’ils à se positionner.»

Pas tout à fait contre

Toutefois, le porte-parole de CATTARA insiste pour dire que l’organisme n’a pas pris parti pour ou contre ou le travail des enfants. « On dit simplement que vu l’ampleur que ça a pris au cours des dernières années, il est plus qu’urgent de trancher la question une bonne fois. »

Une enquête remontant au début de la pénurie de main-d’œuvre, 2016-17, avait montré que la moitié des jeunes fréquentant l’école secondaire, était également sur le marché du travail. « À CATTARA, poursuit Mario Dufresne, lorsque nous rencontrons les élèves de 5e Secondaire, on constate en posant la question, que c’est maintenant l’exception qui ne travaille pas en plus d’étudier, quand ce n’est pas la classe entière qui occupe un emploi. Parfois au-delà de 30 heures semaine. »

Pas d’âge minimum

Il faut avoir en tête que, contrairement à ce que l’on croit, au Québec il n’y a pas d’âge minimum pour commencer à travailler, si ce n’est qu’en dessous de 14 ans il faut une autorisation signée par un parent. Le Québec est la seule province qui n’a pas légiféré à propos d’un âge minimum pour se retrouver sur le marché du travail.

Bien sûr, explique l’intervenant, il y a des restrictions quant aux heures à respecter par l’employeur et aux charges de travail, encore faut-il que le jeune refuse une tâche qui lui semble risquée ou au-dessus de ses forces, autrement tout est laissé au bon vouloir de l’employeur.

En conclusion, pour CATTARA, nous sommes en face d’un phénomène de société qui ne semble pas vouloir disparaître et qui entraînera des répercussions sur la génération qui pousse. « C’est donc un choix collectif qui s’impose. »

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Source : Mario Dufresne 418 338-8787

Montage. Photos prises sur Canva
commentaires
  1. didi dit :

    Bonjour M. Dufresne

    J’ai beaucoup aimé votre excellent article.

    La banalisation des accidents se constate déjà lorsqu’il s’agit d’accidentés adulte. Alors la banalisation des accidents chez les jeunes est d’autant plus inquiétante puisque les conséquences des accidents de travail et surtout, d’accidents graves auront des effets à long terme sur leur santé et des impacts sur leur vie entières, dans certains cas.

    Et le risque d’avoir des accidents qui ne seront pas déclarés par crainte de représailles de l’employeur est d’autant plus réelle qu’il s’agit de jeunes qui pont une totale méconnaissance de leurs droits et des rouages du système. Ils sont aussi vulnérables aux menaces et à l’influence de leur employeur quant à déclarer ou non l’accident de travail.

    Peut-on considérer qu’un jeune a la même capacité d’un adulte quant à la prise de décisions qui affecte toute sa vie ? Bien qu’il ait la capacité physique de travailler, permettez-moi d’en doutez puisque le développement du cerveau n’est pas complété.

    C’est encore des droits qui risquent de se perdent et des vies gâchées. Avoir un accident de travail est la pire chose qui arrivent dans la vie de bien des gens, on ne souhaite pas ça pour les jeunes qui devraient avoir toute leur vie devant eux.

    Bonne journée M. Dufresne ________________________________

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